Dans le laboratoire du Pr Alexey Pshezhetsky, des travaux intensifs nous font avancer sur plusieurs fronts vers une thérapie pour le syndrome de Sanfilippo, une maladie dégénérative rare qui prive progressivement les enfants de leurs capacités physiques et cognitives, avant de les emporter trop tôt.
Un pas de géant vient d’être franchi dans la course contre le syndrome de Sanfilippo, promettant d’accélérer la mise au point de traitements très attendus. Une équipe dirigée par le Pr Alexey Pshezhetsky, chercheur au CHU Sainte-Justine et professeur à l’Université de Montréal, a réussi à comprendre la structure d’une enzyme — la HGSNAT — dont la défaillance cause l’un des sous-types de la maladie. En collaboration avec une équipe de l’Université de Shanghai, ils ont utilisé une technique d’imagerie avancée pour obtenir des informations inédites sur ses mécanismes d’action. Ces informations seront extrêmement précieuses pour développer un traitement efficace contre la maladie.
Un syndrome complexe et dévastateur
Le syndrome de Sanfilippo est une maladie génétique rare qui provoque une accumulation de substances toxiques dans les cellules du cerveau, entraînant une détérioration du système nerveux central.
« Il s’agit d’une maladie terrible. Votre enfant régresse et vous ne pouvez rien faire pour l’arrêter. C’est un peu comme avoir la maladie d’Alzheimer à 10 ans. »
Il existe quatre types (A, B, C, D) de syndrome de Sanfilippo. Chacun résulte de la mutation d’un gène différent, mais tous sont associés à des symptômes tels que la régression du développement, la déficience intellectuelle et les troubles du comportement. Le syndrome est considéré comme une forme de démence infantile, un groupe de maladies qui affecte des milliers d’enfants au Canada.
Tous les types du syndrome de Sanfilippo sont incurables, et les enfants touchés ne parviennent généralement pas à atteindre l’âge adulte. Devant tant de souffrance, le statu quo n’est pas envisageable. L’équipe du Pr Pshezhetsky travaille sans relâche pour offrir de nouvelles solutions à ces enfants.
Combiner les efforts sur plusieurs fronts
Porté par la générosité d’une famille ayant perdu leur fille à cause du syndrome de Sanfilippo, le Laboratoire Elisa Linton pour la recherche sur la maladie de Sanfilippo explore plusieurs approches prometteuses, dont la « thérapie par chaperon ». C’est là que les nouvelles connaissances sur les mécanismes d’action de l’HGSNAT s’avèrent particulièrement utiles.
Chez les enfants atteints de la maladie de Sanfilippo de type C, cette enzyme essentielle est absente ou ne fonctionne pas correctement. En conséquence une accumulation toxique se produit, entraînant la mort des cellules cérébrales et un déclin neurologique.
Heureusement, chez près de la moitié des enfants atteints de la maladie de Sanfilippo de type C, les HGSNAT problématiques sont encore partiellement fonctionnelles, ce qui offre la possibilité de les « réparer » à l’aide de médicaments appelés chaperons.
« Les chaperons aident et guident les enzymes pour qu’elles prennent la bonne forme et fonctionnent correctement. Avec le professeur Christopher Cairo de l’Université de l’Alberta, nous testons différents chaperons. Un financement du Réseau canadien de la glycomique nous permettra d’intensifier ce travail. »
–Alexey Pshezhetsky
À l’occasion d’une autre collaboration, l’équipe étudie également la greffe de cellules souches, une méthode remarquablement efficace qui est déjà largement utilisée pour d’autres maladies telles que la leucémie. Avec cette approche, les cellules souches du patient sont prélevées, réparées et réinjectées afin de produire des cellules sanguines saines qui génèrent l’enzyme fonctionnelle.
« Cette procédure pourrait guérir de très jeunes enfants et des nouveau-nés asymptomatiques diagnostiqués très tôt. Pour eux, un traitement durerait toute la vie. Pour les enfants plus âgés, cette solution pourrait apporter un soulagement partiel et stabiliser la maladie. Dans environ deux ans, nous devrions être prêts à sauver des vies. »
Toutefois, cette thérapie se heurte à un obstacle : la maladie est souvent diagnostiquée très tard. Les enfants en sont atteints dès la naissance, mais la plupart ne développent aucun symptôme avant l’âge de 2 à 6 ans.
Les promesses des thérapies combinées
Le Pr Alexey Pshezhetsky, tout comme la communauté médicale et scientifique, pense que la thérapie combinée est une solution prometteuse pour le traitement du syndrome de Sanfilippo. Avec une équipe de recherche de l’hôpital SickKids de Toronto, il étudie la possibilité d’intégrer la greffe de cellules souches avec un traitement développé par l’équipe de l’hôpital SickKids.
« La maladie de Sanfilippo affecte une naissance sur 24 000, mais nos recherches pourraient avoir un impact direct sur les maladies génétiques apparentées. Ensemble, elles touchent un enfant sur 5 000. »
–Alexey Pshezhetsky
En hommage à Elisa Linton
Le Pr Alexey Pshezhetsky est un expert de renommée mondiale qui a contribué à trouver de nouveaux moyens de comprendre et de traiter les troubles lysosomiaux — des maladies pédiatriques graves comme le syndrome de Sanfilippo. Il entretient d’ailleurs une longue histoire de collaboration avec la famille Linton qui, il y a plus de 20 ans, a créé la Sanfilippo Children’s Research Foundation pour leur fille Elisa et d’autres enfants comme elle.

Elisa a vécu jusqu’à l’âge de 22 ans. Le syndrome de Sanfilippo l’a malheureusement emportée en 2016, mais son héritage perdure et donne de l’espoir à d’autres familles confrontées à ce diagnostic brutal.
« C’est encourageant de savoir que l’héritage de notre précieuse fille continue d’avoir un impact significatif sur la recherche concernant le syndrome de Sanfilippo. Nous apprécions de voir que notre investissement philanthropique est sur le point de faire une différence dans la vie des enfants confrontés à cette horrible maladie. »
« Chaque découverte nous rapproche de notre but. Les donateurs comme la famille Linton sont essentiels, car ils nous aident à avancer plus vite. Et avec cette maladie, chaque instant compte. »
–Alexey Pshezhetsky
Grâce à votre générosité, des familles au Canada et aux quatre coins du monde verront leur parcours transformé. Merci de soutenir la recherche à Sainte-Justine et d’aider à offrir un avenir à des enfants comme Elisa.