Mateo revient de loin. Parcours d’un ado marqué. Par la résilience et l’envie de faire une différence.
26 août 2018. La fin de l’été et le début d’année scolaire se font sentir. Peu importe, les soirées d’août sont encore belles : à 15 ans, on en profite.
C’est ce que Mateo fait ce soir-là. Pour la première fois, il suit ses amis dans un lieu désaffecté qu’ils ont l’habitude de fréquenter.
Attention : on pense qu’un adulte s’en vient! Pas le temps pour la prudence : en urgence, les jeunes se précipitent en bas du toit par un autre chemin d’où ils sont grimpés. C’est le soir et il n’y a pas de lumière.
Mateo suit son amie. Du mauvais côté. Du pire. Chanceuse, celle qui passe devant lui passe sans heurts.
Mais pas Mateo.
De ce côté, il y a une zone de haute tension. 25 000 volts. Devant ses amis, Mateo est touché par ce qu’on soupçonne être un arc électrique. S’en suit une chute de 18 pieds. Il est propulsé dans le périmètre de haute tension. Devant ses amis, il prend littéralement feu.
Mais l’amitié est plus forte que tout : son ami descend à son tour et se lance sur Mateo pour étouffer le feu.
Nous avons été appelés par la police vers 22 h 20 et nous nous sommes rendus sur les lieux de l’accident. Mateo ne sent plus ses jambes, nous a confié son ami. C’était le cauchemar.
Conscient, Mateo attend les services d’urgence durant 60 minutes. C’est que le protocole interdit l’accès en zone de haute tension aux premiers répondants.
Direction Sainte-Justine, centre hospitalier qui accueille 75 % des cas de traumas graves comme celui de Mateo.
Je m’excuse, je vous aime ont été les paroles de mon fils à l’urgence. On lui a promis qu’on serait là pour lui.
Quelques minutes plus tard, l’équipe de Sainte-Justine induit Mateo dans le coma pendant trois semaines. Pour contrôler la souffrance et procéder aux interventions douloureuses. Pneumonie, infection, arrêt cardiaque : le pronostic est incertain.
Neuf opérations, changements de pansements, hautes poussées de fièvre, douleurs intenses, variations anormales des signes vitaux, deux codes bleus : le parcours de Mateo aux soins intensifs est loin d’être doux. Mais après un peu plus d’un mois, on peut enfin assurer sa survie. Mateo n’allait pas mourir, ni être amputé.
Les médecins ont pris le temps. Même dans les moments critiques. Ils réconfortent, ils expliquent, ils consolent. Ils font plus que soigner des blessures.
Le 21 décembre 2018, quatre mois plus tard, Mateo est de retour à la maison. Mais ce n’est pas la fin du combat. La guérison des plaies est difficile, la gestion de la douleur aussi. La réadaptation fait partie de son quotidien, tout comme la récupération de ses mois scolaires manqués.
On a été chanceux comme parents. Jamais Mateo ne s’est plaint. Il a foncé, armé d’une résilience à toute épreuve.
Quand une catastrophe comme celle-là frappe une famille, la force de la communauté fait toute la différence. Il y a celle qui a accompagné la famille de Mateo, mais il y a aussi celle de Sainte-Justine.
Dans cette communauté qu’est Sainte-Justine, il y a vous, les donateurs, véritables partenaires des équipes de soins et de recherche. Civière-bain, appareils d’échographe et de radiographie mobiles, fauteuils spécialisés, appareil pour greffes de peau : la liste des équipements de pointe impliqués dans la prise en charge de Mateo sont nombreux. Et c’est grâce à vous si Sainte-Justine a pu les acquérir.
À l’automne 2019, Mateo a repris l’école et ses activités sportives. Sans limitation. Il peut reprendre une vie normale, tout en respectant le rétablissement de son corps.
Finissant de 5e secondaire, Mateo a clôturé en juin dernier son année scolaire en relevant le défi sportif Je bouge pour Sainte-Justine, pour lequel il s’est préparé depuis des mois. Escorté par la police, son père et l’humoriste Jay Du Temple, il a complété avec brio une course de 5km dans les rues de Saint-Lambert, soutenu par son école, le Collège Durocher. Sa famille et lui ont également accompli l’objectif colossal d’amasser plus de 30 000 $.
Il a également remporté le prix Jeunesse par excellence en philanthropie 2020 remis par l’Association des professionnels en philanthropie du Québec (AFP), soulignant son engagement exceptionnel envers Sainte-Justine.
Mateo : déterminé à faire briller la vie des enfants
À travers son implication, Mateo inspire les jeunes – et moins jeunes – autour de lui. Son mantra : quand on veut, tout est possible! C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a accepté en 2020 d’être l’ambassadeur au niveau des écoles secondaires pour la toute nouvelle campagne du Grand sapin jeunesse de Sainte-Justine. Par son parcours, il a inspiré les jeunes à aider d’autres jeunes en illuminant la base du Grand sapin – et le cœur des enfants passant les Fêtes à Sainte-Justine.
Mateo se dit #scarredforlife. Si son histoire marque notre imaginaire et notre cœur, lui est marqué pour la vie. Mais ce n’est pas ça qui va l’arrêter.