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Sainte-Justine : bâti sur l’engagement d’une communauté

Si les murs de Sainte-Justine pouvaient parler, les noms des fondatrices Irma LeVasseur et Justine Lacoste-Beaubien retentiraient haut et fort. En écho toutefois, c’est la communauté en entier qui résonnerait : elle a été et est encore aujourd’hui le véritable carburant de cette institution unique au Québec.

L’hôpital Sainte-Justine est né d’une vision simple : refuser la mortalité infantile, offrir une égalité des chances, sauver des vies. À l’époque de sa fondation en 1907, un enfant sur quatre à Montréal mourait avant d’atteindre l’âge d’un an. 

Portée par cette situation alarmante, mais aussi par son histoire personnelle en tant que seule survivante de sa fratrie, Irma LeVasseur refuse alors l’inaction. Cette première Québécoise à obtenir un diplôme universitaire de médecine devient ainsi l’instigatrice du premier hôpital francophone pour enfants gratuit à Montréal. Pour voir naître son projet, elle s’active à solliciter l’aide de plusieurs bienfaiteurs. Sans cette détermination inébranlable, le CHU Sainte-Justine tel qu’on le connait aujourd’hui n’existerait pas.

Je ne peux plus endurer de voir des enfants mourir. Je ferai les études qu’il faut, j’irai dans les pays où l’on m’accepte, mais je deviendrai pédiatre.
La jeune Irma LeVasseur Cofondatrice de l’hôpital Sainte-Justine

Sa rencontre avec Justine Lacoste-Beaubien fut déterminante pour la suite des choses. Cette dame issue de la bourgeoisie montréalaise prend les rênes de l’hôpital Sainte-Justine dès sa fondation, et ce, jusqu’à l’aube de ses 87 ans. De son vivant, elle a toujours porté en elle la conviction profonde que la philanthropie fait partie de la solution pour mener la mission de l’hôpital plus loin.

Dans une époque où l’individualisme est si profondément développé, il fait bon de penser à ce qu’a pu produire l’effort continu de quelques personnes autour d’un projet pourtant si modestement élaboré.
Justine Lacoste-Beaubien Cofondatrice de l’Hôpital Sainte-Justine
Dre Irma Levasseur et Justine Lacoste-Beaubien

À la création de l’hôpital d’abord sur la rue St-Denis, les coffres renferment la modique somme de 287,11 $. Sans relâche, Justine Lacoste-Beaubien et ses acolytes féminines se donnent corps et âme pour sensibiliser la collectivité à leur cause. Elles réussissent rapidement à convaincre les donateurs que leur participation sauve des vies. Le concept de philanthropie s’impose comme pilier fondamental du financement. 

Encouragés par la détermination des fondatrices, les bénévoles offrent leur temps sans compter. À la fin des années 1950, ils sont plus de 500 à s’investir pour Sainte-Justine. Les médecins et les infirmières soignent les enfants sans être rémunérés jusqu’en 1935. 

Salle Sainte-Thérèse, en orthopédie (1928 | © CHU Sainte-Justine)
Distribution de lait pasteurisé au dispensaire la Goutte de lait (1912 | © CHU Sainte-Justine)
Des petits patients qui s’amusent (1908 | © CHU Sainte-Justine‎)
Roland Brisebois, premier bébé de Sainte-Justine (1907 | © CHU Sainte-Justine‎)
En orthopédie (1920 | © CHU Sainte-Justine)
Une fille de la Sagesse avec un patient (1911 | © CHU Sainte-Justine‎)

Les espaces sur St-Denis ne fournissent pas à la demande : cinq agrandissements seront nécessaires pour desservir la clientèle. L’achalandage toujours grandissant nécessite rapidement plus de moyens, et au cours de la première année d’opération, les revenus atteignent près de 4 000 $. Ces sommes proviennent principalement d’activités-bénéfice, de tirages, de parties de cartes, de séances récréatives, de souscriptions de philanthropes, de dons divers. Le succès de l’hôpital et sa pérennité reposent déjà sur la générosité, la mise en action, l’engagement d’une communauté entière.

Le premier Hôpital Sainte-Justine, situé au 644 rue Saint-Denis
Le deuxième Hôpital Sainte-Justine, situé au 820 De Lorimier
Le troisième Hôpital Sainte-Justine, sur la rue Saint-Denis

Ça prend un village, dit-on. Sans exception, toutes les sphères de la société sont interpellées : la bourgeoisie, les entreprises, les établissements d’enseignement, la classe politique, les groupes de médecins, les artistes. Tous se rallient derrière cette œuvre plus grande que nature. De vraies merveilles se produisent chaque fois que la communauté est sollicitée. Des centaines de dollars amassés en 1907, on passe à des milliers, puis à des centaines de milliers jusqu’aux millions d’aujourd’hui.

Au fil des années, l’administration de l’hôpital s’organise. Elle accélère et peaufine ses levées de fonds pour financer, entre autres, la construction de nouveaux locaux sur le Chemin de la Côte-Sainte-Catherine qui seront inaugurés en 1957. La première campagne en vue du déménagement aura lieu en octobre 1951. Les donateurs se mobilisent comme jamais auparavant lors d’un marathon de la charité organisé à la radio de Radio-Canada. Pendant neuf heures consécutives, le maire de Montréal partage le micro avec différentes personnalités répondant aux appels du public : 25 000 $ sont amassés en une nuit. La barre a une fois de plus été élevée.

Si c’est pour Sainte-Justine, c’est pour une bonne cause.
Maurice Richard avait fait un don de 1 000 $ à Sainte-Justine en 1955. Le voici entouré de patients en 1956. | © CHU Sainte-Justine
© CHU Sainte-Justine
Si c’est pour Sainte-Justine, c’est pour une bonne cause.

Si les sommes disponibles dans les premières années suffisaient minimalement à administrer l’hôpital, les pionnières désiraient multiplier les revenus pour en faire « non seulement un centre de guérison mais aussi un milieu scientifique d’études et de recherches ». Leur ténacité assure à Sainte-Justine de devenir un leader reconnu mondialement en pédiatrie et en périnatalité.

Être toujours à la fine pointe du progrès scientifique et médical par ses médecins, répondre à un nombre sans cesse accru de malades, mettre au point de nouveaux services, perfectionner sans cesse l’appareillage, […] recruter le personnel, le former, l’instruire, conserver à la flamme une vitalité éternelle (un hôpital ne ferme jamais et ne peut mourir), voilà ce qui reste à faire et qu’il faudra toujours recommencer. »
Justine Lacoste-Beaubien

Depuis 1957, le soutien inconditionnel des donateurs donne des ailes à tous ceux qui œuvrent chaque jour pour les enfants de Sainte-Justine, lui permettant de continuer à grandir, à se perfectionner, à innover.  

  • En 1974, le Centre de recherche de Sainte-Justine est créé par le Dr Jacques Ducharme.
  • En 1995, l’hôpital devient le Centre hospitalier universitaire mère-enfant Sainte-Justine. Lancée cette même année, la campagne Investir pour l’amour des enfants de la Fondation CHU Sainte-Justine lève 45 M$. Les dons sont injectés dans la recherche, dans le réaménagement des unités de soins parents-enfants ainsi que dans l’acquisition d’équipements à la fine pointe de la technologie.
  • Au terme de la campagne Grandir en santé, 125 M$ sont recueillis entre 2002 et 2005. Les patients, les familles et les équipes du CHU Sainte-Justine jouissent d’un centre de soins toujours mieux adapté à leurs besoins.
  • Malgré la pression grandissante sur le monde de la philanthropie, les donateurs répondent plus que jamais présents lors de la campagne Plus mieux guérir de 2013 à 2018. Le montant record de 255 M$ amassé assure à encore plus d’enfants et de mères du Québec d’être soignés.
  • Avec une équipe de plus de 200 chercheurs, le Centre de recherche du CHU Sainte-Justine est aujourd’hui reconnu internationalement pour ses nombreux travaux en recherche fondamentale et clinique.

Les soins médicaux ultraspécialisés et l’environnement humain et naturel dont bénéficient les enfants et les mères de Sainte-Justine résultent du travail acharné d’un groupe de femmes exceptionnelles porté par une communauté toujours plus engagée.

Un don à la fois, continuons d’écrire l’histoire d’innovation et de philanthropie du CHU Sainte-Justine. Ensemble, on va toujours plus loin.

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